J'ai écrit trois pages. J'ai écrit trois pages, le fauteuil poussé au milieu de la cuisine, face au soleil de ce début Avril si prometteur. J'ai mis mon fauteuil, son repose-pieds, j'ai pris mon ordi sur les genoux. Le chat n'était pas encore là. C'était tellement avant. Une vie entière avant.
J'ai passé toute la journée. Toute l'après midi à me gorger de soleil, à accumuler de la vitamine D et des molécules de joie. J'ai accumulé et à la nuit tombée, après des appels réguliers de ma mère qui faisait la navette épave entre ses deux filles si loin dans un moment si dur, j'ai commencé à écrire. Il fallait répondre aux messages, éponger les larmes. Il fallait combler une douleur, la douleur DIX qui n'avait plus de limites tellement elle était partout, dans chaque fibre, chaque cellule, chaque atome.
A la nuit tombée, j'ai réactivé mon ordinateur et dans le silence assourdissant de cette peine, j'ai commencé à écrire. J'ai écrit farouche. J'ai écrit bravache. J'ai écrit avec sourire bringuebalant. J'ai écrit. Parce que j'ai écrit toute ma vie. Et j'écrirai encore et encore jusqu'à être paralysée ou aveugle. Ou morte. Ecrire me purge, me libère. Laisse filer au loin, dans une dimension inconnue et inatteignable des douleurs qui sont trop pour le corps, trop pour le cerveau.
Je voulais mettre l'enveloppe dans le cercueil, avec elle, nos enfances et nos avenirs à jamais brouillés de noir. J'ai finalement imprimé en couleurs après avoir pris le train à l'aube. Ce jour là, j'ai regardé la vie se réveiller derrière une vitre épaisse et rayée. Il a fallu se battre, racler dans les coins et trouver des miettes de courage. Se tenir debout. Sourire. Se chamailler.
Et bugger sur un moment qu'on s'imagine vivre mais toujours plus tard.
J'ai donné l'enveloppe à mon grand père. Glisser dans ce livre hypocrite où les phrases qui ne seront jamais lues s'accumulent, parfois brouillées d'un infime glissement de terrain lacrymal..
J'en parle ce soir parce que Nos Etoiles Contraires vient de me filer un coup au plexus. Je viens l'écrire ici, parce que c'était la vie d'avant. Je reviens parler d'avant.
Et dans ce film terriblement beau et drôle, il y a une phrase qui m'a bousillée pour longtemps, qui m'a fait réalisé que mes deuils ne sont toujours pas faits, que le manque est permanent. Je l'oublie, seulement, dans la tornade de jours à vivre que sont devenues nos vies. Mais cette phrase est si vraie. Si terrible.
Elle est partie alors qu'elle allait mieux. Et dans le film, ils parlent de la Dernière Bonne Journée. Ils ne savent jamais que c'est la dernière alors ils la vivent comme "une" bonne journée, ils sont heureux. Et ils tirent la porte et s'évaporent derrière leurs paupières closes.
Mes grands-mères allaient mieux et puis elles sont mortes. Alors tout n'est faux dans les clichés sur les cancéreux.
Seulement on aurait pas du avoir des entretiens d'embauche, des cours ou des partiels à réussir. On aurait du être là-bas. Vivre sa Dernière Bonne Journée avec elle. Dire les derniers mots qui manquent toujours.
Y'a plus personne. Seulement ce brutal orage de douleurs. Qu'il fallait laisser passer. Le chat a la tête posée sur mon pied, il me regarde en douce depuis que j'ai commencé à pleurer. Il attend que çà s'arrête pour commencer sa nuit.
On aurait tous du naitre chats. Neuf vies, elles en auraient seulement brûlées une seule. C'est tout de suite plus intéressant comme contrat.
J'ai passé toute la journée. Toute l'après midi à me gorger de soleil, à accumuler de la vitamine D et des molécules de joie. J'ai accumulé et à la nuit tombée, après des appels réguliers de ma mère qui faisait la navette épave entre ses deux filles si loin dans un moment si dur, j'ai commencé à écrire. Il fallait répondre aux messages, éponger les larmes. Il fallait combler une douleur, la douleur DIX qui n'avait plus de limites tellement elle était partout, dans chaque fibre, chaque cellule, chaque atome.
A la nuit tombée, j'ai réactivé mon ordinateur et dans le silence assourdissant de cette peine, j'ai commencé à écrire. J'ai écrit farouche. J'ai écrit bravache. J'ai écrit avec sourire bringuebalant. J'ai écrit. Parce que j'ai écrit toute ma vie. Et j'écrirai encore et encore jusqu'à être paralysée ou aveugle. Ou morte. Ecrire me purge, me libère. Laisse filer au loin, dans une dimension inconnue et inatteignable des douleurs qui sont trop pour le corps, trop pour le cerveau.
Je voulais mettre l'enveloppe dans le cercueil, avec elle, nos enfances et nos avenirs à jamais brouillés de noir. J'ai finalement imprimé en couleurs après avoir pris le train à l'aube. Ce jour là, j'ai regardé la vie se réveiller derrière une vitre épaisse et rayée. Il a fallu se battre, racler dans les coins et trouver des miettes de courage. Se tenir debout. Sourire. Se chamailler.
Et bugger sur un moment qu'on s'imagine vivre mais toujours plus tard.
J'ai donné l'enveloppe à mon grand père. Glisser dans ce livre hypocrite où les phrases qui ne seront jamais lues s'accumulent, parfois brouillées d'un infime glissement de terrain lacrymal..
J'en parle ce soir parce que Nos Etoiles Contraires vient de me filer un coup au plexus. Je viens l'écrire ici, parce que c'était la vie d'avant. Je reviens parler d'avant.
Et dans ce film terriblement beau et drôle, il y a une phrase qui m'a bousillée pour longtemps, qui m'a fait réalisé que mes deuils ne sont toujours pas faits, que le manque est permanent. Je l'oublie, seulement, dans la tornade de jours à vivre que sont devenues nos vies. Mais cette phrase est si vraie. Si terrible.
Elle est partie alors qu'elle allait mieux. Et dans le film, ils parlent de la Dernière Bonne Journée. Ils ne savent jamais que c'est la dernière alors ils la vivent comme "une" bonne journée, ils sont heureux. Et ils tirent la porte et s'évaporent derrière leurs paupières closes.
Mes grands-mères allaient mieux et puis elles sont mortes. Alors tout n'est faux dans les clichés sur les cancéreux.
Seulement on aurait pas du avoir des entretiens d'embauche, des cours ou des partiels à réussir. On aurait du être là-bas. Vivre sa Dernière Bonne Journée avec elle. Dire les derniers mots qui manquent toujours.
Y'a plus personne. Seulement ce brutal orage de douleurs. Qu'il fallait laisser passer. Le chat a la tête posée sur mon pied, il me regarde en douce depuis que j'ai commencé à pleurer. Il attend que çà s'arrête pour commencer sa nuit.
On aurait tous du naitre chats. Neuf vies, elles en auraient seulement brûlées une seule. C'est tout de suite plus intéressant comme contrat.