On est le 29 Août.
J'aime comment l'inconscient peut nous prendre en traitre. Je n'arrivais pas à savoir pourquoi j'ai rêvé de Mathias la nuit dernière. J'ai vécu ce Vendredi 28 Août 2015 poursuivie par les relents de mon rêve, une sensation étrange au fond des membres. Impossible de m'en dépêtrer. Et là, à l'instant, en lisant mon livre, je tombe sur une fille qui prend la route pour une nouvelle vie.
Et nous sommes le 29 Août 2015.
Comme la vie peut être remplie de coïncidences étranges, parfois. Des coïncidences vraiment grosses qui me font un peu flipper. Mon quotidien en surface continue mais à l'intérieur, il semblerait que la machinerie n'ait pas suivi et tourne toujours à l'heure de 2011.
Attends, j'ai besoin de musique. Je suis en train de prendre l'eau. Je me suis faite complètement avoir.
Le 29 Août 2011, je commençais mon troisième jour de vacances. Vacances que clôturaient un CDD de trois mois et qui me laissaient un mois de liberté avant de retourner au travail avec un CDI. Bref, Juin 2011 : début du bonheur.
Donc ce 29 Août 2011, je dois prendre le train. Ma mère m'évite les RER et me dépose dans Paris, sur une ligne de métro direct pour Gare de Lyon. Je la laisse, j'ai mal au ventre, les larmes aux yeux. Comme si je n'allais pas rentrer. Comme si.
Je prends le train pour Perpignan et je ne voyage pas léger. Je voyage avec une grosse valise remplie d'un trousseau de survie (énorme), d'appréhensions et de déterminations. Je pars pour l'Espagne. Seule, sans point de chute, sans programme, sans vraie fiche de route. Je pars pour partir. Et je pars pas facile.
Le train m'emmène à Perpignan et de là, je récupère ma voiture.
Quand je pense à tout ce que je n'ai pas dit à mes parents.. Qu'ils m'aient laissé partir relèvent du miracle.. Ma réponse à toutes leurs questions était " Je ne sais pas ". Ils ont du prendre sur eux. Ou alors ils s'en foutaient. Mais je crois surtout qu'ils me lâchaient la bride pour la première fois de toute ma vie. Liberté, liberté chérie.
Devant la voiture, Dieu me fait un clin d'oeil. Parmi tous les modèles équivalents dans la catégorie que j'avais choisie, je tombe sur une petite 207 gris métallisé. J'ai fait mon permis dessus, autant te dire que la bestiole, j'y ai déjà mes marques (malgré le fait que je n'ai pas touché un volant depuis près de deux ans. Pas de panique, voyons!)
En petite prévoyante que j'étais, j'avais déjà vu sur internet qu'il y avait un supermarché à coté de la gare. Je vais acheter gâteaux pour me caler l'estomac sur le reste du trajet et eau pour la semaine à venir.
Je prends le volant, roule pendant trente minutes dans Perpignan et au moment de prendre vraiment la route de l'Espagne, je me gare dans une cité et j'appelle ma mère pour qu'elle me serve de GPS. Elle se permet de petites réflexions ironiques qu'un GPS taïwanais ne se permettrait jamais mais me fait sortir de Perpignan et me met sur la bonne route. Ah, les parents..
Je pars et plus les kilomètres défilent et plus mon autonomie s'installe. Je prévois de dormir avant la frontière, histoire de reposer mon genou. En arrivant sur le parking, premier appel. Je ne sais pu qui appelle l'autre. Mais premier contact vocal.
Il me convainc de passer la frontière et d'aller jusqu'à Llança. Soit. Je reprends le volant après m'être reposée et je commence à flipper. Le jour tombe, la route n'en finit pas et elle est juste super étroite. Pour moi qui n'ait la voiture que depuis deux heures, chaque croisement avec un véhicule me fait serrer les fesses. Réflexe débile s'il en ait mais réflexe quand même. Tout mon attirail tombe du siège passager dans un coup de volant un peu franc et me voilà à plonger au pied du siège pour récupérer mon téléphone qui sonne et mon plan, fait par lui (je ne me souviens pu bien mais je l'ai encore dans le cahier). Je trouve enfin le panneau qui m'indique de tourner à gauche pour prendre une route encore plus étroite que la première et encore plus perdue au milieu des champs. C'est fou à quel point certains détails ne s'effacent pas.. Même 4 ans après.
Je finis par arriver à Llança et encore un appel pour le prévenir que j'arrive. Je guette les trottoirs, on sait jamais. Et je vois un visage qui me parle. Un nez en trompette (diiiiieu qu'il m'en a voulu sur ce coup là xD). Je lui annonce que je pense l'avoir croisé et je prends à droite sur son indication. Je continue et tombe par chance sur le méga parking de la ville.
Vous pouvez pas imaginer à quel point l'année 2011 a été une année remplie de chance. Je n'ai jamais eu autant de chances que cette année là. Quand je repasse le fil des évènements, je me dis que c'est de la folie à quel point j'ai été chanceuse. Tout a été parfait. Tout est tombé pile poil là où çà devait.
Suite à çà, je me gare, ouvre toute la voiture, et plonge côté passager pour tenter de ramasser tout mon bordel. Et c'est comme çà qu'il me trouve. A moitié enfoncé dans l'habitacle en essayant de pas me cogner la tête.
Suite à çà, je me laisse guider et je me retrouve dans ma première chambre d'hôtel, dans ma première expédition solo, avec un étranger que je connais depuis des années un étage plus bas.
Le gars qui avait juré de ne jamais rencontrer personne du net. Regarde tout le chemin parcouru et je n'étais que la première.. *sourire*
Faudrait que je rouvre le cahier pour savoir ce qu'il s'est passé ensuite. La chronologie se mélange un peu. Je me souviens de la sangria dégueu sur la terrasse de l'hôtel. Nos premiers fous rires. Les espagnols qui ont parlé toute la nuit en bas de mes fenêtres.
Je me souviens aussi du phare. Tu étais perché sur les rambardes, tu me faisais face et je me faisais manger aux moustiques assise sur le banc, face au golfe du Port de La Selva. Là, on avait parlé, parlé, parlé, parlé. On cherchait nos marques, t'sais.
Putain, tellement de souvenirs avec toi. Tellement, tellement, tellement. Des trucs qui datent de quatre ans, çà y est.
çà fait quatre ans. Quatre ans. Les mots seront d'aucune utilité maintenant pour décrire le creux que je ressens. La nostalgie qui fait mal.
çà a duré deux semaines puis deux semaines et demie après en cette année 2011. En 2012, plus de voyages encore. Et il ne reste de çà que ma tête et un cahier. Cruel gâchis. Monstrueux gâchis.
Alors, cet anniversaire, je ne pouvais pas le fêter ailleurs qu'ici, plateforme qui meurt et te vole une part de ton passé mais qui fut l'instigatrice de notre rencontre. Y'a qu'ici que cet anniversaire prend tout son sens. Là où tu es encore de temps en temps.
J'aime comment l'inconscient peut nous prendre en traitre. Je n'arrivais pas à savoir pourquoi j'ai rêvé de Mathias la nuit dernière. J'ai vécu ce Vendredi 28 Août 2015 poursuivie par les relents de mon rêve, une sensation étrange au fond des membres. Impossible de m'en dépêtrer. Et là, à l'instant, en lisant mon livre, je tombe sur une fille qui prend la route pour une nouvelle vie.
Et nous sommes le 29 Août 2015.
Comme la vie peut être remplie de coïncidences étranges, parfois. Des coïncidences vraiment grosses qui me font un peu flipper. Mon quotidien en surface continue mais à l'intérieur, il semblerait que la machinerie n'ait pas suivi et tourne toujours à l'heure de 2011.
Attends, j'ai besoin de musique. Je suis en train de prendre l'eau. Je me suis faite complètement avoir.
Le 29 Août 2011, je commençais mon troisième jour de vacances. Vacances que clôturaient un CDD de trois mois et qui me laissaient un mois de liberté avant de retourner au travail avec un CDI. Bref, Juin 2011 : début du bonheur.
Donc ce 29 Août 2011, je dois prendre le train. Ma mère m'évite les RER et me dépose dans Paris, sur une ligne de métro direct pour Gare de Lyon. Je la laisse, j'ai mal au ventre, les larmes aux yeux. Comme si je n'allais pas rentrer. Comme si.
Je prends le train pour Perpignan et je ne voyage pas léger. Je voyage avec une grosse valise remplie d'un trousseau de survie (énorme), d'appréhensions et de déterminations. Je pars pour l'Espagne. Seule, sans point de chute, sans programme, sans vraie fiche de route. Je pars pour partir. Et je pars pas facile.
Le train m'emmène à Perpignan et de là, je récupère ma voiture.
Quand je pense à tout ce que je n'ai pas dit à mes parents.. Qu'ils m'aient laissé partir relèvent du miracle.. Ma réponse à toutes leurs questions était " Je ne sais pas ". Ils ont du prendre sur eux. Ou alors ils s'en foutaient. Mais je crois surtout qu'ils me lâchaient la bride pour la première fois de toute ma vie. Liberté, liberté chérie.
Devant la voiture, Dieu me fait un clin d'oeil. Parmi tous les modèles équivalents dans la catégorie que j'avais choisie, je tombe sur une petite 207 gris métallisé. J'ai fait mon permis dessus, autant te dire que la bestiole, j'y ai déjà mes marques (malgré le fait que je n'ai pas touché un volant depuis près de deux ans. Pas de panique, voyons!)
En petite prévoyante que j'étais, j'avais déjà vu sur internet qu'il y avait un supermarché à coté de la gare. Je vais acheter gâteaux pour me caler l'estomac sur le reste du trajet et eau pour la semaine à venir.
Je prends le volant, roule pendant trente minutes dans Perpignan et au moment de prendre vraiment la route de l'Espagne, je me gare dans une cité et j'appelle ma mère pour qu'elle me serve de GPS. Elle se permet de petites réflexions ironiques qu'un GPS taïwanais ne se permettrait jamais mais me fait sortir de Perpignan et me met sur la bonne route. Ah, les parents..
Je pars et plus les kilomètres défilent et plus mon autonomie s'installe. Je prévois de dormir avant la frontière, histoire de reposer mon genou. En arrivant sur le parking, premier appel. Je ne sais pu qui appelle l'autre. Mais premier contact vocal.
Il me convainc de passer la frontière et d'aller jusqu'à Llança. Soit. Je reprends le volant après m'être reposée et je commence à flipper. Le jour tombe, la route n'en finit pas et elle est juste super étroite. Pour moi qui n'ait la voiture que depuis deux heures, chaque croisement avec un véhicule me fait serrer les fesses. Réflexe débile s'il en ait mais réflexe quand même. Tout mon attirail tombe du siège passager dans un coup de volant un peu franc et me voilà à plonger au pied du siège pour récupérer mon téléphone qui sonne et mon plan, fait par lui (je ne me souviens pu bien mais je l'ai encore dans le cahier). Je trouve enfin le panneau qui m'indique de tourner à gauche pour prendre une route encore plus étroite que la première et encore plus perdue au milieu des champs. C'est fou à quel point certains détails ne s'effacent pas.. Même 4 ans après.
Je finis par arriver à Llança et encore un appel pour le prévenir que j'arrive. Je guette les trottoirs, on sait jamais. Et je vois un visage qui me parle. Un nez en trompette (diiiiieu qu'il m'en a voulu sur ce coup là xD). Je lui annonce que je pense l'avoir croisé et je prends à droite sur son indication. Je continue et tombe par chance sur le méga parking de la ville.
Vous pouvez pas imaginer à quel point l'année 2011 a été une année remplie de chance. Je n'ai jamais eu autant de chances que cette année là. Quand je repasse le fil des évènements, je me dis que c'est de la folie à quel point j'ai été chanceuse. Tout a été parfait. Tout est tombé pile poil là où çà devait.
Suite à çà, je me gare, ouvre toute la voiture, et plonge côté passager pour tenter de ramasser tout mon bordel. Et c'est comme çà qu'il me trouve. A moitié enfoncé dans l'habitacle en essayant de pas me cogner la tête.
Suite à çà, je me laisse guider et je me retrouve dans ma première chambre d'hôtel, dans ma première expédition solo, avec un étranger que je connais depuis des années un étage plus bas.
Le gars qui avait juré de ne jamais rencontrer personne du net. Regarde tout le chemin parcouru et je n'étais que la première.. *sourire*
Faudrait que je rouvre le cahier pour savoir ce qu'il s'est passé ensuite. La chronologie se mélange un peu. Je me souviens de la sangria dégueu sur la terrasse de l'hôtel. Nos premiers fous rires. Les espagnols qui ont parlé toute la nuit en bas de mes fenêtres.
Je me souviens aussi du phare. Tu étais perché sur les rambardes, tu me faisais face et je me faisais manger aux moustiques assise sur le banc, face au golfe du Port de La Selva. Là, on avait parlé, parlé, parlé, parlé. On cherchait nos marques, t'sais.
Putain, tellement de souvenirs avec toi. Tellement, tellement, tellement. Des trucs qui datent de quatre ans, çà y est.
çà fait quatre ans. Quatre ans. Les mots seront d'aucune utilité maintenant pour décrire le creux que je ressens. La nostalgie qui fait mal.
çà a duré deux semaines puis deux semaines et demie après en cette année 2011. En 2012, plus de voyages encore. Et il ne reste de çà que ma tête et un cahier. Cruel gâchis. Monstrueux gâchis.
Alors, cet anniversaire, je ne pouvais pas le fêter ailleurs qu'ici, plateforme qui meurt et te vole une part de ton passé mais qui fut l'instigatrice de notre rencontre. Y'a qu'ici que cet anniversaire prend tout son sens. Là où tu es encore de temps en temps.
Comme je ressens ta douleur, comme je la partage...