J'ai déménagé. Je sais pas si je te l'avais dit. J'attends encore mon canapé.
En plein centre-ville, dans une rue familiale. Un appartement en mezzanine. J'ai de grandes fenêtres, de la pierre apparente et un lit immense. Oui. J'ai un lit immense. Tu peux pas savoir à quel point les derniers mois ont été durs dans le lit individuel de mon appart' de la gare.
Et plus du lit, j'ai... une baignoire. Et je retrouve un niveau de stress décent. Même quand il fait 40°C, même quand il est 1h30 du matin. Si je rentre du taff et que je suis tendue, je m'enfonce dans l'eau et j'y flotte pendant une bonne heure.
Tu verrais ma vie, putain.
Là, il est 3h59. Et si je suis devant cet écran rétro-eclairé qui me défonce les rétines, c'est parce que j'ai commencé à me parler et que j'en pouvais plus. Trop de mots dans ma tête, trop d'images, trop de projets.
Alors, je viens ici. Et je raconte. Des trucs qui n'ont rien à voir avec ceux dans ma tête. Mais il faut bien commencer par quelque chose. Et le commencement, c'est ce que je déteste. Donc en général, je chope la première phrase qui me vient et je la lance. Tac. Installée, on peut passer à autre chose. Déverrouiller la solitude de ma tête et déverser quelques kilos d'idées sur le net.
A la base, je venais pour te demander une faveur. M'envoyer la photo de la tente. Cette photo que je ne retrouve nulle part. J'aimerais bien la faire imprimer en format.. Allez. Poster. Mais on ne se parle plus et çà fait.. allez. 4 ans que c'est le cas ? Les dates ont tendance à se mélanger. Ah non, 3. C'était 2013. 2013, cette année juste ignoble. Donc en fait, tu vois, je demande ici. Lol. Je demande parce qu'on peut pas ré-écrire le passé, qu'on ne peut pas le revivre non plus, que je sais pas qui tu es devenu et je sais pas non plus si. Bref, on s'en fout. Mais il se trouve que mon appartement est un immense coup de coeur. Un cocon que j'ai construit pièce par pièce ( et dieu sait si on en a ch.. sué à monter meubles sur meubles, bouffer sur des cartons, se taper des fous rires entre deux coups de marteau, se noyer sous les papiers et les plans pas à l'échelle avant de désespérer devant l'inclinaison hallucinante de mon sol en bas. Bref.) et cette photo, c'est juste nos deux étés ensemble. çà fait petit écrit comme çà et rapportés aux années passées à s'écrire tous les jours, çà le fait encore plus. Mais qu'importe. Nos deux étés devaient être vécus. On aurait pu faire plus, et surement moins mais en tout cas, on les a bien rempli et on a vécu.
Mon dieu, comme je tourne en rond.
Bref. Cette photo, elle résume tout. Elle résume la Vie, la liberté. Elle résume... le Bonheur. Elle résume et en même temps, elle me permet de me rappeler l'essentiel : "ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait". Et elle me rappelle. T'sais. Quelle question.
Cet appartement, c'est le point de départ.
Mon anniversaire arrive à pas immenses et j'avais déjà un peu pleuré pour mes 26 ans. Alors, les 27 ans, si tu savais le trou que j'ai dans le ventre. Cette sensation que j'ai raté ma vie. Que je suis passée à côté de tout. Tout, tout, tout. Absolument tout. Et que jamais je pourrais plus revivre ce que je n'ai pas vécu au bon moment. Alors toi, tu arrives comme une bouée de sauvetage. Je panique et puis je me rappelle. Oui, çà s'est mal fini. Oui, on a souffert. On a été déçu et compagnie. Mais cette douleur est à la hauteur de ce que l'on avait vécu avant. Tu m'aides à ne pas paniquer. Et cette photo doit s'installer dans mon cocon.
Je me suis démolie méthodiquement. Je suis maintenant très bas.Vraiment. Mais je panique devant ce chiffre. Je me dis que je dois vivre. Qu'il le faut maintenant avant que ce soit devenu une idée risible.
J'ai pas forcément envie de voyager loin, faire des trucs déments. Non, mais je veux me sentir vivante. Je veux rencontrer des gens qui me ressemblent. Des gens avec qui je pourrais être normale. Y'a que toi qui sait qui je suis, pleinement apaisée. Et j'en ai marre. Nos chemins se sont séparés et je dois absolument me mettre un coup de pied au cul pour reprendre la route. Droite dans mes bottes. Trop longtemps que j'erre en mentant à tout le monde. Trop longtemps que je retiens ma respiration. Trop longtemps que je fais le miroir. Les gens ont oublié que j'existais derrière.
Je me suis dit que j'allais recouvrir les murs de photos. Travailler la déco petit à petit. Alors j'en ai plein à imprimer en grand.
Attends, le chat s'agite dans son sommeil. Il fait parfois des cauchemars et ses pleurs sont des sons déchirants à entendre..
Je vais faire une nuit blanche, tu vas voir. Il est presque 5h. J'ai absolument pas sommeil. Je liste mes envies. Mes projets. Par où commencer, comment tout organiser. Je profite de chaque heure de repos hebdomadaire. Dormir est une perte de temps. Je peux vivre seulement deux à trois jours par semaine, en fait. Vive la vie salariée. Surtout quand tu te fais des journées de bâtard pour le smic. Enfin. Hé. J'ai choisi.
J'ai choisi Bordeaux. J'ai choisi la base de l'échelle. J'ai choisi.
Et j'assume.
Et j'ai déménagé. J'ai un vrai appartement. Et à mon image. Et je respire déjà plus grand quand je passe la porte. Ah ah. Vite, la suite!
Une.Histoire.de.Dix.et.Un
Je t'écris, mon Bébé Chat
Ecrit le Dimanche 21 août 2016 - 4:40
Par Mercredi 24 août 2016 - 22:36
le Cet appartement a l'air d'être un vrai souffle. Pour moi aussi c'est tellement important un bel appartement dans lequel on se sent bien !
Le temps qui passe... Cette impression d'avoir raté sa vie... Je connais... Et pourtant, on est toujours là.
Au fait, as-tu lu le livre que tu avais gagné à un concours chez moi ? :) La loi du silence.
Le temps qui passe... Cette impression d'avoir raté sa vie... Je connais... Et pourtant, on est toujours là.
Au fait, as-tu lu le livre que tu avais gagné à un concours chez moi ? :) La loi du silence.
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